GÉNOCIDE AU RWANDA : FÉLICIEN KABUGA, PIÈCE-MAÎTRESSE DU FINANCEMENT ET DE LA PROPAGANDE DES MASSACRES

Il est également accusé d’avoir directement supervisé les massacres commis par les Interahamwe de Gisenyi (nord-ouest) et Kimironko, un quartier de Kigali. [Simon Wohlfahrt / AFP]

Félicien Kabuga, «financier» présumé du génocide des Tutsi en 1994 au Rwanda, sera jugé à partir de ce jeudi 29 septembre pour génocide et crimes contre l’humanité devant un tribunal des Nations unies à La Haye.

Il aurait mis sa fortune et ses réseaux au service du génocide du Rwanda en 1994. Félicien Kabuga est jugé à partir d’aujourd’hui au tribunal des Nations unies, à La Haye, pour «génocide», «incitation directe et publique à commettre le génocide» et «crimes contre l’humanité (persécutions et extermination)».

Pendant plus de 20 ans, il a su échapper à la justice avant d’être arrêté le 16 mai 2020 en France, en banlieue parisienne, marquant ainsi la fin d’une cavale qui l’aura mené en Suisse, au Zaïre (aujourd’hui République Dominicaine du Congo) et au Kenya.

UN HOMME D’AFFAIRES RICHE ET INFLUENT

Né de parents fermiers dans le village de Nyange (Rwanda), Félicien Kabuga, 87 ans, a commencé en tant que petit commerçant ambulant, avant de devenir un homme d’affaires riche et influent, propriétaire de nombreuses plantations de thé dans le village et aux alentours. Il était même considéré comme à la tête de la plus grande fortune du Rwanda.

Travailleur et déterminé, l’homme d’affaires ouvre divers commerces dans la capitale Kigali où il s’installe. Sa réussite sera telle que, dans la plupart des villages reculés du Rwanda, un paysan plus aisé que les autres était surnommé «Kabuga».

Egalement membre du Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND), le parti présidentiel, il décide de créer en 1994 avec d’autres hommes d’affaires le Fonds de défense nationale (FDN).

Selon le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), devenu depuis 2015 le Mécanisme pour les tribunaux pénaux internationaux (MTPI), Félicien Kabuga aurait organisé au sein du FDN «des réunions auxquelles ont assisté de nombreux hommes d’affaires (…) à l’effet de collecter des fonds pour l’achat d’armes», selon les sources l’AFP. Parmi ces armes, sont également comprises des machettes, très utilisées dans les massacres du printemps 1994.

PROPAGANDE DE L’IDÉOLOGIE EXTRÉMISTE

Félicien Kabuga, un des dirigeants de la Radio-télévision libre des mille collines (RTLM), propageait grandement l’idéologie hutu extrémiste et des discours d’incitation à la haine contre les Tutsi.

Il «exerçait un contrôle de fait et de droit sur la programmation, le fonctionnement et les finances de la RTLM», a déclaré le TPIR.

Il est également accusé d’avoir directement supervisé les massacres commis par les Interahamwe de Gisenyi (nord-ouest) et Kimironko, un quartier de Kigali.

Pendant de longues années, Félicien Kabuga a mis à contribution ses nombreuses relations personnelles et acheté sa protection. Les Etats-Unis avaient promis 5 millions de dollars contre toute information permettant son arrestation, en 2022 au Kenya. Ce dernier a échappé à trois reprises au moins à des opérations conjointes de la police et du TPIR. 

Une fois arrêté, ses avocats avaient demandé l’arrêt des poursuites en raison de son état de santé. En juin, le MTPI a affirmé que Félicien Kabuga était apte à être jugé.

 

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