Mali: La junte met fin à l’accord d’Alger signé avec les rebelles touaregs

Une femme passe devant des drapeaux maliens à Bamako. Photo prise le 24 juillet 2018 REUTERS Luc Gnago

BAMAKO (Reuters) – La junte au pouvoir au Mali a annoncé jeudi mettre fin à l’accord signé en 2015 par le gouvernement malien avec les rebelles séparatistes touaregs, reprochant à ceux-ci de ne pas respecter les termes de l’accord et accusant le pays médiateur, l’Algérie, d' »actes hostiles ».

Cette annonce est à même de déstabiliser davantage le pays d’Afrique de l’Ouest, en proie à une insurrection islamiste depuis plus d’une décennie et à un regain des affrontements avec les rebelles touaregs dans le nord du pays depuis l’été dernier.

Un soulèvement des rebelles touaregs en 2012 a été éclipsé par les groupes islamistes qui commettent des attaques violentes contre les civils et l’armée au Mali, ainsi qu’à travers les pays de la région ouest-africaine du Sahel.

Alors que l’accord d’Alger a permis d’apaiser les tensions, celles-ci ont été ravivées par la prise de pouvoir de l’armée malienne, à la faveur de deux coups d’Etat en deux ans, et par la décision de la junte en place depuis 2021 de faire appel au groupe paramilitaire russe Wagner tout en demandant le départ des troupes françaises puis de celles de l’Onu.

Les rebelles touaregs reprochent de longue date au gouvernement malien de négliger la communauté touareg et cherchent à obtenir l’indépendance de la région désertique qu’ils appellent l’Azawad.

Les affrontements se sont multipliés au fil du second semestre l’an dernier, les deux camps étant désireux de gagner du terrain dans des zones laissées vacantes par les troupes de l’Onu dans le centre désertique et dans le nord du pays.

En novembre, l’armée malienne a dit avoir pris le contrôle de la ville de Kidal, bastion des rebelles touaregs dans le nord-est du pays, où se trouve une base stratégique occupée jusqu’au mois précédent par la mission de maintien de la paix de l’Onu (Minusma).

Dans un communiqué lu à la télévision publique, les autorités militaires ont dit jeudi qu’il était devenu impossible de respecter l’accord de paix d’Alger, citant les manquements des autres parties prenantes et des « actes hostiles » de l’Algérie.

Par conséquent, ont-elles dit, l’accord prend fin avec « effet immédiat ».

(Reportage Tiemoko Diallo et Bate Felix; version française Jean Terzian)