Macron nomme Jean-Marie Bockel, qui voulait « signer l’acte de décès de la Françafrique », émissaire en Afrique

Cet « envoyé personnel » est Jean-Marie Bockel, ancientenant de l’aile droite du PS, qui a rallié Nicolas Sarkozy en 2007.
© Stephane Lemouton-POOL/SIPA

La « politique africaine de la France » serait-elle en train de changer ? L’ex-ministre français Jean-Marie Bockel, qui avait dénoncé la « Françafrique », a été nommé « envoyé personnel » d’Emmanuel Macron en Afrique, à l’heure où Paris prévoit de réduire fortement sa présence militaire sur le continent, selon une lettre consultée par l’AFP.

Le président français a confié à l’ancien secrétaire d’État à la Coopération du président Nicolas Sarkozy (2007) le soin d’« expliquer » aux pays partenaires accueillant des bases françaises – Sénégal, Côte d’Ivoire, Gabon et Tchad – « les raisons et les modalités de ces adaptations » prochaines du dispositif diplomatico-militaire français, « tout en étant à l’écoute de leurs besoins » en matière de formation, de coopération et d’équipement, écrit-il dans cette lettre.

Après une série de coups d’État au Mali (2020, 2021), au Burkina Faso (2022) puis au Niger (2023), les juntes militaires parvenues au pouvoir dans ces pays ont poussé dehors l’armée française, marquant la fin d’une ère, après une décennie d’intervention antijihadiste dans une région où la situation sécuritaire ne cesse de se dégrader. Après ces humiliantes déconvenues au Sahel, la France a entrepris de réorganiser sa présence en Afrique et compte réduire nettement ses effectifs militaires dans tous les pays où elle opère encore, sauf à Djibouti, au profit d’une présence plus discrète. Les contours de cette réorganisation ont été actés lors d’un conseil de défense en décembre 2023, selon des sources concordantes à l’AFP.

Débarqué sous Sarkozy

Jean-Marie Bockel devra rendre à l’Élysée ses recommandations en juillet. L’ex-ministre avait dû quitter son portefeuille sur la « coopération » en mars 2008 pour avoir critiqué ce qu’il voyait comme un système de corruption, de cooptation politique et de chasses gardées commerciales entre Paris et ses anciennes colonies africaines. Il avait quitté le Parti socialiste en 2007 pour rejoindre la majorité présidentielle de Nicolas Sarkozy et y fonder son parti « La Gauche moderne ». Il a ensuite rallié la formation de centre droit, l’Union des démocrates et indépendants (UDI) en 2012.

« La “Françafrique” est moribonde, avait-il déclaré dans Le Monde en 2008. Je veux signer son acte de décès. Il ne s’agit pas de faire la morale, mais d’aider au développement. Or, à cause de défauts de gouvernance dans certains pays, notre politique de coopération, malgré de multiples réalisations, ne permet pas des progrès à la hauteur des efforts consentis. » Ancien sénateur, Jean-Marie Bockel a perdu son fils Pierre, officier dans l’armée française, dans la collision de deux hélicoptères au Mali en décembre 2019.

Article de Marianne