Guerre en Ukraine : à quoi la France forme-t-elle réellement les soldats ukrainiens ?

Des soldats ukrainiens servent un camion français Caesar en Ukraine. Selon les matériels livrés à Kiev

Donner du matériel à Kiev ne suffit pas. Il faut s’assurer que les soldats ukrainiens savent s’en servir. C’est principalement avec pour mission de les former que les armées françaises sont mises à contribution, outre les différentes annonces de livraisons d’armes à l’Ukraine. Le ministère des Armées refuse de communiquer précisément le détail de ces formations, mais il est possible d’en tracer les grandes lignes.

Ces formations concernent « jusqu’à 1 200 Ukrainiens sur l’ensemble de l’année », expliquait le général Gravêthe le 23 mars dernier. En revanche, le ministère de la Défense dément que des pilotes ukrainiens soient formés en ce moment sur Mirage 2000. « Nous ne formons pas de pilotes ukrainiens, ni au pilotage ni à l’usage de systèmes d’armes », a détaillé le responsable de la communication du ministère, précisant que des pilotes étaient effectivement formés en France mais uniquement « à la survie, dans le cas où leur appareil serait abattu », donc au sol.

Des formations liées aux livraisons d’armes

Des équipages ukrainiens reçoivent également une formation à la défense sol-air, toujours selon le général Gravêthe. Cela semble logique puisque la France a déjà envoyé des systèmes de défense sol-air Crotale en Ukraine et signé une déclaration conjointe pour l’envoi de systèmes Samp-T « Mamba » avec l’Italie.

Beaucoup de dons français sont liés à l’artillerie : les 30 canons Caesar que la France est en train de livrer en sont l’illustration emblématique, mais des lance-roquettes unitaires (LRU) ont aussi été vus en Ukraine. Il faut également compter avec des canons de 155 mm et des mortiers de 120 mm, tous tractés.

Les canons de 155 mm, notamment montés sur camion comme le Caesar, demandent des adaptations de la part des artilleurs ukrainiens qui n’ont jamais utilisé ces armes. En plus du maniement des pièces d’artillerie, il s’agit également de former des équipes de reconnaissance qui appuieront le feu et des opérateurs particuliers, appelés JTAC dans l’Otan, capables de guider des frappes aériennes depuis le sol.

Par ailleurs, Paris a livré à l’Ukraine des blindés de reconnaissance AMX-10 RC, qui sont des machines complexes, bardées de capteurs. Il convient donc de former des équipages à l’usage de ce véhicule, entraînement dont des vidéos sont apparues sur les réseaux sociaux.

Elles montrent des soldats ukrainiens dans des blindés sur le camp de man?uvre de Canjuers, dans le Var, le plus grand de ce type en Europe occidentale. Les premiers AMX-10 RC sont arrivés en Ukraine et se trouvent déjà sur la ligne de front, a annoncé le ministre des Armées Sébastien Lecornu devant l’Assemblée nationale le 15 mars dernier, soit deux mois après l’annonce de leur envoi.

En parallèle de ces formations liées aux livraisons d’armes, la France participe au programme de l’Union européenne pour l’entraînement des troupes de Kiev. Un dispositif existait depuis 2014, mais cette nouvelle mission, décidée fin 2022, est d’une ampleur inédite : elle vise à former 15 000 soldats ukrainiens en Pologne, en France et en Allemagne.Douze mille recevront une formation militaire de base et trois mille, un entraînement plus spécialisé. Dans ce cadre, Paris déploie actuellement 150 militaires en Pologne, avec l’objectif de fournir une formation de base à 600 soldats ukrainiens par mois.

En dehors de l’UE, mais toujours en Europe, le Royaume-Uni participe aussi très activement à la formation de l’armée ukrainienne. Depuis l’été dernier, 10 000 militaires ukrainiens y ont été formés et l’armée britannique prévoit d’en entraîner 20 000 de plus en 2023.

Par Théo Sauvignet