Cameroun: les habitants du Nord empêchent le secrétaire général de la présidence de repartir vers Yaoundé
Un bâtiment officiel dans la ville de Kousseri, dans l’extrême-nord du Cameroun, ici le 2 mars 2013.
© Patrick Fort / AFP
Le secrétaire général de la présidence camerounaise a été confronté à la colère des habitants et élus de l’Extrême-Nord. En déplacement samedi 15 février, Ferdinand Ngoh Ngoh voulait être au contact des populations locales en proie à divers défis sécuritaires, avec la menace terroriste de Boko Haram, mais aussi des inondations.
La visite, prévue pour ne durer que quelques heures, a été rallongée de plusieurs heures, lorsque la délégation gouvernementale a été empêchée de partir par les habitants et les élus de la région, exigeant d’être entendus.
La visite se déroulait jusque-là sans encombre. Ferdinand Ngoh Ngoh, accompagné des ministres de l’Administration territoriale Paul Atanga Nji et de la Jeunesse Mounouna Foutsou, s’était déjà rendu sur plusieurs sites considérés comme essentiels dans la lutte contre l’insécurité alimentaire et le développement du tourisme.
C’est à l’étape de la ville de Kousseri, le chef-lieu du département du Logone et Chari, la que tension est montée soudainement. Alors que le secrétaire général de la présidence marche vers l’hélicoptère censé le ramener à Maroua, où il doit prendre un avion retour pour Yaoundé, la population venue à sa rencontre et de nombreux élus locaux ont exprimé leur mécontentement.
Sur les vidéos de la scène abondamment diffusées sur les réseaux sociaux, on peut voir des maires arborant leur ruban vert, rouge et jaune et des militants du RDPC dans leur tenue du parti, tancer vertement l’émissaire du président de la République. Il est reproché à Ferdinand Ngoh Ngoh de n’avoir pas voulu recevoir les doléances des forces vives de la région, d’autres évoquant même une attitude « méprisante ».
Le bâtiment abritant la préfecture est encerclé par des dizaines de jeunes gens et un blocus est organisé autour de l’hélicoptère. S’en suivent de longues minutes de discussion entre diverses autorités, dont le gouverneur de la région et ces populations déterminées à se faire entendre.
Sous pression, Ferdinand Ngoh Ngoh a fini par se résoudre et improviser des audiences jusqu’au cœur de la nuit. Après avoir passé la nuit sur place, ce n’est que dimanche 16 février que Ferdinand Ngoh Ngoh et sa délégation ont pu regagner Yaoundé.
Correspondant, Polycarpe Essomba
