Au Mali, un convoi de l’armée se dirige vers la région stratégique de Kidal

Image d’archives montrant des soldats maliens patrouillant sur la route entre Gao et Kidal en 2013.

L’armée malienne fait mouvement en direction de la région stratégique de Kidal, bastion de la rébellion touarègue, ont annoncé lundi des responsables sécuritaires. Le convoi est composé de 119 véhicules et fait route depuis Gao.

Un important convoi de l’armée malienne s’est mis en mouvement lundi 2 octobre à Gao en direction de la région stratégique de Kidal, bastion de la rébellion touarègue, ont indiqué deux responsables sécuritaires sous le couvert de l’anonymat.

« Dans le cadre du réaménagement de notre dispositif dans le Nord, nous avons commencé le redéploiement de nos forces dans la région nord-est de Kidal », a dit un responsable militaire malien à l’AFP. Le convoi a quitté lundi matin Gao, a environ 300 km au sud-ouest de Kidal, a-t-il dit.

Un autre responsable sécuritaire a indiqué que le convoi était composé de 119 véhicules et était actuellement arrêté sur la route à plusieurs dizaines de kilomètres au nord de Gao.

Cette opération a lieu alors que le nord du Mali est le théâtre depuis fin août d’une reprise des hostilités de la part des groupes armés séparatistes à dominante touarègue et d’une intensification des attaques jihadistes contre l’armée malienne.

L’insoumission de Kidal, enjeu majeur de souveraineté, est un vieux motif d’irritation à Bamako, y compris pour la junte qui a pris le pouvoir par la force en 2020. Les colonels ont fait du rétablissement du contrôle de l’État sur tout le territoire un de leurs mantras.

Kidal occupe une place spéciale dans la géographie, la politique et les consciences sahéliennes. Elle est une étape cruciale entre le Mali et l’Algérie, à plus de 1 500 km et de 24 heures de route de la capitale Bamako, à des centaines de kilomètres des autres grandes villes du Nord, Gao et Tombouctou.

L’accord de 2015 en train de voler en éclats

Ce n’est pas l’État central qui la gouverne et y fait régner l’ordre, mais la Coordination des mouvements de l’Azawad, alliance de groupes armés à dominante touarègue.

La région de Kidal a été l’une des premières à tomber aux mains des rebelles, les uns indépendantistes, les autres salafistes, après le déclenchement des insurrections dans le Nord en 2012. Elle est tombée ensuite sous la seule coupe des salafistes, puis a été reprise par les séparatistes en 2013 dans le sillage de l’intervention française au Mali. Kidal est sous leur contrôle depuis lors. Les rebelles y ont infligé une déroute à l’armée malienne quand celle-ci a tenté d’en reprendre la maîtrise en 2014.

Les groupes armés indépendantistes ou autonomistes ont signé un accord de paix avec le gouvernement en 2015. Les jihadistes ont continué, eux, à combattre l’armée malienne et la présence étrangère et ont étendu leurs agissements au centre du Mali, au Burkina Faso et au Niger voisins, contribuant à plonger le Sahel dans une crise sécuritaire, humanitaire et politique profonde.

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L’accord signé en 2015 est à son tour en train de voler en éclats. Ces développements coïncident avec le retrait en cours de la mission de l’ONU, poussée vers la sortie par la junte.

La Minusma a commencé à rétrocéder ses camps aux autorités maliennes. Les séparatistes estiment que les emprises onusiennes du Nord devraient revenir sous leur contrôle en vertu des accords passés. Or, la mission de l’ONU doit encore libérer ses camps de Kidal, mais aussi Aguelhok et Tessalit, encore plus au nord, d’ici au 31 décembre.

Le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, a assuré en marge des récentes célébrations de l’indépendance que l’État reprendrait le contrôle de tous les territoires qui lui échappent.

Avec AFP