Attiéké, une invention sur la conservation 2 ans durant de notre attiéké frais traditionnel dont des pays voisins et lointains nous disputent non seulement la propriété intellectuelle mais également l’appellation

La photo ci-contre
montre une fillette qui refuse de se séparer de la boîte
de ATTIÉKÉ D’OR dont elle s’est emparée.

En Côte d’Ivoire, le manioc est la deuxième culture vivrière en volume après l’igname. Les produits dérivés du manioc y sont plus nombreux que dans les autres cultures vivrières. Les plus répandus sont : le gari, la pâte de manioc pressée, l’attiéké, le placali, le konkondé, la farine de manioc et le tapioca.

Parmi ces produits, l’attiéké, semoule de manioc précuite, fait l’objet de la plus importante transformation artisanale dans l’économie du manioc (production,transformation, commercialisation), qui est aux mains des femmes pour 95% de cette économie.

En effet, le cycle complet de fabrication de l’attiéké frais traditionnel (du tubercule de manioc au produit fini comporte vingt-deux (22) opérations qui se déroulent sur quatre (04) jours ouvrables :
– J+1 : récolte et/ou achat de tubercules pour préparation du ferment.
-J+2 : récolte et/ou achat et transport des tubercules de manioc au lieu de la transformation.
-J+3 : épluchage, fendage et défibrage, concassage, lavage, broyage des morceaux de manioc et du ferment, malaxage pour l’obtention d’une pâte homogène. Conditionnement et mise en
fermentation.
-J+4 : essorage, émottage 2ème défibrage et premier défibrage, roulage pour obtention des grains (semoule non cuite), séchage, second défibrage, homogénéisation des grains, puis cuisson du produit. Au sortir du feu, émottage du bloc de semoule cuite et démêlage des grains d’attiéké. Puis le conditionnement du produit en fonction du marché visé (sachets,
paniers, cuvettes, etc.).
Le diagramme ci-dessous illustre ces 22 opérations étalées sur 4 journées ouvrables.

Madame Ahouma Kouassi et les membres de son ONG, OPEIF-Afrique, ont rapidement mis au point des procédés innovants en réponse à la fragilité de ces produits frais ivoiriens. Pour ce
qui est de l’attiéké frais précisément, ces procédés ont fait passer sa conservation de quelques jours à 2 ans sous l’appellation ATTIÉKÉ D’OR, donnant ainsi naissance à un concept inédit du
même nom.
En raison de ces procédés innovants, des brevets ont été déposés en Afrique auprès de l’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle (OAPI) en 1997 ainsi qu’à l’Institut National de la Propriété Industrielle (INPI) en France en 2008. Le process inédit attesté par des contrôles de l’Institut National de Santé Publique (INSP) de Côte d’Ivoire, répond à une norme française de l’agroalimentaire sur la Stabilité applicable aux conserves et qui permet de garder le produit du procédé jusqu’à deux (2) ans à une température de ±30°C, contre à peine 2 à 3 jours pour l’attiéké tout venant.
En plus de ce résultat fondamental, ce nouveau produit présente d’autres qualités remarquables : le process préserve toutes les qualités organoleptiques de l’attiéké originel. En effet, dès sa
première sortie en 1997, c’est le ministère ivoirien de l’agriculture qui dans le cadre d’un projet de promotion des produits locaux à l’exportation a organisé, sur le plan national un test
comparatif ‘’aveugle’’ de dégustation, impliquant une population de testeurs très diversifiée dont certains connaissaient à peine l’attiéké et d’autres réputés fins gourmets de ce mets. Cet exercice
avait mis en jeu l’attiéké déshydraté d’un promoteur déjà sur le marché, le frais traditionnel sélectionné chez l’une des meilleures fabricantes du produit artisanal et la marque déposée ATTIÉKÉ D’OR.

Ce dernier en est sorti le meilleur des trois ! Le verdict de la population des testeurs s’est avéré sans appel : « tant au niveau de la qualité gustative qu’au niveau de la restitution du goût, l’attiéké frais emballé sous vide [c’est-à-dire ATTIÉKÉ D’OR] avait meilleur goût, paraissait plus frais, et avait la plus belle couleur et donc est un bon produit ayant un potentiel d’exportation ».

ATTIÉKÉ D’OR a obtenu plusieurs trophées, prix et citations entre autres :
• en 2000, la médaille de l’OMPI (Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle) à Lomé au Togo;
• en 2001, un encart spécial dans la revue « Marchés Tropicaux sous le titre « Manioc, un procédé novateur en quête de financement

En 2008, les magasins Leclerc organisent des journées africaines consacrées à ATTIÉKÉ D’OR. La photo ci-contre montre une fillette qui refuse de se séparer de la boîte de ATTIÉKÉ D’OR dont elle s’est emparée.

 

 

 

De la sorte, le procédé de stabilisation et de reconstitution des propriétés organoleptiques de notre attiéké frais traditionnel a bien connu une manifestation d’intérêt auprès d’agences américaines en 2008, 2012 et 2013.

C’est ainsi qu’en : • 2008, l’invention de ATTIÉKÉ D’OR a été répertoriée dans le remarquable livre BLACK INVENTORS- CRAFTING OVER 200 YEARS OF SUCCESS publié par l’historien chercheur américain KEITH C. HOLMES qui retrace à travers le monde, des innovations significatives dont les NOIRS SONT LES AUTEURS.

• 2012, le produit ATTIÉKÉ D’OR qui a été sélectionné par l’AGOA pour participer au FANCY FOOD SHOW à Washington DC et au SIAL à Paris.

• 2013, l’USAID a recruté et financé un expert industriel de l’ONUDI pour valider la ligne inédite d’équipements industriels que Madame Ahouma-Kouassi et son ONG, OPEIFAfrique, avaient mise au point, à travers l’inventrice de la marque ATTIÉKÉ D’OR. Cette invention était trop importante pour la Côte d’Ivoire et surtout pour les femmes de l’économie du manioc pour que Madame Ahouma-Kouassi et OPOEIF-Afrique veuillent n en faire qu’une formule de laboratoire uniquement.

Elles ne voulaient pas non plus se contenter des productions artisanales sur commandes qu’elles pratiquent depuis 1997. Il fallait donc aller à la recherche de financement pour créer une ligne de production industrielle.

En 2015, une opportunité unique s’est présentée, à savoir l’ouverture du fonds de l’Environnement mondial (FEM) à des structures autres que celles de l’État. Ce fonds est octroyé
sur le principe de coût partagé.

Sur cette base de coût partagé, Madame Ahouma-Kouassi et son ONG, OPEIF-Afrique soumissionnent pour 4 millions de dollars américains. Le dossier est agréé comme ayant les qualités requises pour recevoir les 4 millions de dollars américains. Le FEM va décaisser une subvention d’un (1) million qui doit transiter par une agence d’exécution que OPEIF-Afrique a choisie et présentée au FEM conformément à la procédure mise en place par le donateur.

À charge pour l’État ivoirien d’apporter la quote-part de trois (3) millions de dollars qu’il s’est engagé à verser à OPEIF-Afrique pour l’exécution du projet intitulé ‘’La production industrielle durable dans le manioc et d’autres secteurs de l’agroalimentaire grâce à l’utilisation des applications des énergies renouvelables et de technologies à faibles émissions de carbone en Côte d’Ivoire’’.
Or, depuis 2018 le FEM a versé le million à l’Organisation des Nations Unies pour le Développement industriel (ONUDI), l’agence d’exécution, qui refuse catégoriquement de reverser
cette somme due à OPEIF-Afrique, la promotrice du projet susmentionné.

Par ailleurs, l’ONG OPEIF-Afrique attend de recevoir de l’État ivoirien la quote-part qu’il avait promis de verser en raison du principe de financement à coût partagé.
Si l’ONUDI avait déboursé le million dû à l’ONG OPEIF-Afrique, la ligne industrielle que l’inventrice Madame Ahouma-Kouassi veut créer, depuis trois (3) décennies, aurait eu en ce début de ce millésime 2024, six (6) années de bilan d’activités qui auraient permis de contribuer à la réduction de la pauvreté des 95% des femmes ivoiriennes dont les pertes post-récoltes demeurent énormes en dépit des efforts inouïs qu’elles déploient pour nourrir leurs familles au quotidien. En attendant, la recherche de financement adéquat pour la création de la ligne de production
industrielle de ATTIÉKÉ D’OR, marque déposée depuis 1997 suit inlassablement son cours.

La marque déposée de ATTIÉKÉ D’OR en images