Mali: une frange du M5 destitue Choguel Maïga de la présidence du mouvement

Choguel Maïga, l’une des figures phares et président du Mouvement du 5 Juin-Rassemblement des Forces Patriotiques, lors d’une conférence de presse, le 28 mai 2021. (Image d’illustration).
© MICHELE CATTANI / AFP

Au Mali, Choguel Maïga, actuel Premier ministre de transition, a été destitué mardi 5 mars de son poste de président du Mouvement du 5 juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) par une frange du mouvement.

Le M5-RFP avait porté la contestation contre le président IBK il y a trois ans et demi. Après le coup d’État militaire d’août 2020, cette vaste coalition s’est progressivement délitée. Le M5 est depuis des mois divisé en deux camps.

Ils reprochent à Choguel Maïga de ne pas être « à la hauteur de ses responsabilités », de ne pas avoir su « ramener la paix et la cohésion » au sein du M5-RFP au Mali, et déplorent que ses « porte-voix attitrés » tiennent des propos « injurieux et diffamatoires ».

La frange du M5 représentée par l’imam Oumarou Diarra, Maître Mountaga Tall et Jeamille Bittar notamment, qui avaient déjà critiqué la « gouvernance verticale » de Choguel Maïga, ne le considère plus comme président du M5.

Mais ce « comité stratégique » n’est pas reconnu par une autre frange : celle de Boubacar Karamoko Traoré ou d’Abdel Kader Maïga, restés fidèles au Premier ministre de transition. Alors, ces dissensions sont-elles le fruit d’appétits et de rancœurs liés à des postes, visés ou perdus, comme on le suggère dans le camp du chef du gouvernement ?

Profondes dissensions au sein du mouvement

Vendredi dernier, Choguel Maïga avait aussi accusé « certains militaires » d’être « à la manœuvre pour déstabiliser le mouvement ». L’un de ses soutiens, Abdel Kader Maïga, a explicitement accusé mardi le colonel Malick Diaw, président du Conseil national de transition, et le colonel Abdoulaye Maïga, porte-parole du gouvernement, avec des propos particulièrement virulents et même osés, puisqu’ils révèleraient de profondes divisions non seulement au sein du mouvement, mais également au sommet de l’État.

En 2022, plusieurs des principaux cadres du M5 avaient déjà claqué la porte. La guerre interne se poursuit, avec de moins en moins d’acteurs, et de plus en plus de bruit. Reste à voir dans quelle mesure ce nouvel épisode fragilisera ou non Choguel Maïga. Les rumeurs sur son limogeage de la primature sont récurrentes. Jusqu’ici, les colonels au pouvoir n’ont pas souhaité se priver de ses services.

Article de David BachéRFI