Les Vrais enjeux de l’occupation de Goma par les mercenaires du M23 (2ème partie) Par Tapé GROUBERA

De prime abord, nous nous inclinons devant la mémoire de nos parents de la République Démocratique du Congo (RDC).
3) L’AFRIQUE DES GRANDS LACS: D’UN HÉRITAGE EMPOISONNÉ À DES ÉLITES DONT CERTAINS SONT DES ENNEMIS DE L’AFRIQUE
L’AFRIQUE, affaiblie et contrôlée militairement, puis plus tard occupée, il ne reste plus qu’à façonner ses filles et fils. C’est ainsi que toutes les institutions et structures occidentales, sans exception, furent impliquées pour aboutir à leur fin comme en témoigne ici ce prêtre et historien français Louis de Laciger, du clergé d’Albi.
Lisons ensemble cet extrait, tiré de son livre, « Ruanda », écrit en 1959 de : «Quand le Saint-Siège [entendez l’Église catholique], d’une part, la Société des Nations [l’Ancêtre de l’ONU], ou son succédané, de l’autre, auront estimé, sans doute simultanément, que le Ruanda est majeur et que l’heure de son émancipation est venue, alors la Puissance mandataire et les Sociétés missionnaires, leur tâche achevé, lui remettront en main la conduite de ses destinées temporelles et spirituelles. Alors sera réalisé le rêve d’un royaume moderne et chrétien, que caressait son premier parrain, Monseigneur Hirth ». [6]
Partant de là, des élites africaines furent modélées, formatées à la convenance des élites européennes. Et ainsi, au moment de leurs départs physique de l’Afrique, ces dirigeants africains coptés doivent les mimer et perpetuer les décisions et mesures prises par les occupants Européens. Dans le cas des Grands Lacs les Occupants Européens furent des Anglais, des Allemands et des Belges.
Ce sont d’ailkeurs, ces trois Occupants, à la suite d’un accord à Bruxelles, en mai 1910, ont défini les frontières entre l’Ouganda, le Ruanda- Urindi (Afrique orientale allemande) et le Congo belge [7].Les intellectuels Européens, se désignant de « Africanistes », écrirent même l’histoire de l’Afrique, qui est aux antipodes de la réalité, si elle n’est pas paternaliste. Il s’agit, en réalité, d’une construction d’une histoire africaine, faite de classification, de racialisation des peuples: Bantous, Hamites, Nilotiques, Négrilles, etc.
Ainsi, le royaume Ruanda-Urundi, composé d’un même peuple, ayant la même langue et la même organisation politique et spirituelle, est scindé en deux: d’un côté le Burundi et de l’autre le Rwanda.
Autre exemple: au Rwanda, les occupants Européens avaient décidé que ce serait un royaume dirigé par un Mwani, d’origine Tutsie. Autre héritage légué aux Burundais et Rwandais, sur leurs cartes d’identité nationale, ils ont continué d’indiquer la « race » des citoyens (ridicule): Hutu ou Tutsi ou Twa comme le faisaient les Occupants Européens. Enfin, « le 27 octobre 1946, le Mwani Charles Mutara Rudahigwa, consacra officiellement son royaume au Christ, Roi de tous les hommes et de toutes les nations »»
Ces contradictions secondaires inhérentes à tous les pays (en Belgique, il y a le problème wallons/Flamands, en France, il y a les problèmes des Brettons, des Corses; en Espagne, il y a le problème Basque, etc.), vont être utilisées pour créer des guerres au Rwanda et au Burundi.
Enfin, les pays « indépendants » des Grands Lacs, à l’instar de tous les autres pays africains, héritèrent à l’indépendance des dettes contractées par les Occupants Européens. Par exemple, lorsque Patrice LUMUMBA fut élu premier ministre, le Congo (RDC) avait hérité d’une dette coloniale de 35 milliards de francs belges (soit 867 627 798,21€).
Sans oublier que jusqu’en 1962, c’était encore la Belgique qui gérait le patrimoine des Congolais. Lisons ensemble cet extrait de la publication du CADTM. « Dans les premiers mois de l’indépendance, la RDC a continué à payer les intérêts de la dette, étant donné que la Belgique continuait de gérer le patrimoine congolais, en l’absence de convention à ce sujet. C’est en 1962 seulement que la Banque mondiale dressage l’inventaire de ce patrimoine»[8]. Le Rwanda n’échappa pas.
Venons-en maintenant à la guerre qui dure depuis plus de trente ans dans les grands Lacs.Selon Google la superficie du Rwanda est de 26 338 km2, celle de la RDC est de 2.345.410 km2. Ce qui fait 89 fois la superficie du Rwanda. La population du Rwanda est de 14.414.910 d’habitants. À l’opposé, la RDC a une population de 109.717 326 habitants.
Soit environ 8 fois celle du Rwanda. Mieux, d’après le document de l’institut national de statistiques de la RDC, en date du 26 mars 2012 [9], seulement la population de la capitale Kinshasa valait 13 916 000 habitants sur un total de 98 310 000 habitants. Par une régle de 3, on arrive par un calcul, aujourd’hui à une estimation de populations, à Kinshasa, de 15 530 732 habitants. Donc supérieure à celle du Rwanda.
Question pourquoi et comment ce petit pays a pu imposer pendant plus trente (30) une guerre à cette mastodonte qu’est la RDC ? La réponse nous amène jeter un regard sur les dirigeants des deux pays, le rôle néfaste de l’Occident qui veut s’approprier gratuitement les ressources de la RDC et, enfin, le caractère idéologico-religieux qui est derrière cette guerre.
Nous commençons à parler, d’abord, brièvement de ceux du Congo aujourd’hui RDC). Nous l’avions mentionné, lorsque Patrice LUMUMBA est élu le premier ministre du Congo, il trouva cet héritage colonial belge qu’il remit en cause.
Déjà, bien avant d’ailleurs, à la table ronde à Bruxelles de 1960 ( 20 janvier au 20 février, la première partie. La seconde du 26 avril au 16 mai), il fut le chef de fil de ceux refusèrent qu’après l’indépendance, le roi belge demeura le chef de l’État du Congo. Et enfin, lorsque LUMUMBA fut invité par le président des États-Unis, ce dernier lui proposa de leur céder les ressources de la RDC, notamment l’uranium.
Ce que LUMUMBA refusa. Le président américain voyait en cela comme un choix de partenariat avec l’URSS. Ce qui était, de leur point de vue, inacceptable :«L’Occident ne peut laisser les ressources en matières premières de l’Afrique australe tomber entre les mains des « soviets » »» [10] .
Tout cela réunit les Occidentaux (Européens et Européens- Américains) contre LUMUMBA. Ensemble, ils l’éliminèrent de manière atroce, le 17 janvier 1961. Or LUMUMBA, n’a été premier ministre du Congo, seulement pendant deux (2) mois. Entre temps, Mobutu devenu agent de la CIA, fut copté pour présider le pays. Il y règna pendant plus de 30ans, avec le soutien et au service des Occidentaux.
Il envoya même ses troupes participer à la guerre meurtrière au Rwanda de 1994. Affaibli par la maladie et ne faisant plus « L’affaire » de ses mandants, il est lâché. Ce qui facile le travail des présidents de l’Ouganda, Musseveni, de l’homme fort du Rwanda, Paul Kagamé et du Burundi, Pierre Buyoya. Tous se reconnaisent Tutsis, et envisagent de créer un « Tutsiland ». Nous en reviendrons plus tard.
Laurent Désiré Kabila qui remplaça Mobutu, était au départ un maquisard. En effet, lorsque LUMUMBA fut assassiné, il s’opposa à l’homme lige des Occidentaux, Mobutu Sessé Séko. Puis, Désiré Kabila se convertit dans les « Affaires « .
À la suite d’un projet réunissant à la fois ceux qui voulaient d’un « Tutsiland » et des Occidentaux qui convoitaient les ressources de la RDC, Désiré Kabila fut copté pour diriger une rébellion. Ainsi, avec des troupes étrangères (rwandaises, burundaises, ougandaises et d’autres mercenaires), il entra en guerre contre l’armée zaïroise en novembre 1996. Et presqu’un an plus, le 17 mai 1997, il fut proclamé, chef de l’État Congolais.
Bien évidemment, ce sont ces troupes étrangères qui vont diriger l’armèe congolaise, permettant ainsi les infiltrations au sein de l’armée congolaise. Par exemple, James Kabarebé, un homme sûr de Paul Kagamé, deviendra même le chef d’état major de l’armée congolaise en 1997. Découvrant plus tard, le projet primaire de ceux qui l’ont copté, il tenta de s’allier au peuple Congolais.
Le ver était dans le fruit à l’image de James Kabarebé. Ce dernier le combattit, lors de ce qu’on a dénommé la 2ème guerre du Congo en 1998. Et, James Kabarebé fut nommé ministre de la Défense du Rwanda de 2010 à 2018 sous Paul Kagamé. Finalement, Laurent Désiré Kabila fut assassiné le 16 janvier 2001, mais le mal était déjà fait. Le lendemain, 17 janvier, sans élections, son fils Joseph Kabila fut désigné, nouveau chef de l’État de laRDC.
Il avait, à peine 30 ans, sans expérience. Ce qui comptait c’était l’approbation des Occidentaux, désignés sous l’expression « Communauté internationale « . Bien évidemment, Joseph Kabila fut aussitôt adoubé par la Communauté dite internationale.« Entre janvier et avril 2001, il effectue sept voyages à l’étranger, rencontre une quinzaine de chefs d’État, renoue avec Paris, Washington et Bruxelles»[11].
Il resta au pouvoir 18 ans et il ne chercha pas à mettre fin à la guerre. C’est un choix des Parrains et des Multinationales occidentales. Autre élément, d’aucuns trouvaient que sa passivité serait due à des origines rwandaises (nous n’avons aucune preuve en notre possession). Toujours est-il que lorsque le 25 janvier 2019, il céde son fauteuil, la RDC était toujours en guerre contre des mercenaires notamment rwandais.
Et c’est M. Antoine-Félix Tshisekedi Tchillombo, l’actuel président de la RDC qui le succède. Certes, il trouve une situation difficile, mais il ne fait pas l’effort d’être conséquent et à l’ecoute des Congolais. Il manque de vision et de volonté politique.Tout ce qui compte chez lui, c’est d’abord, lui et son petit clan d’abord. Le pays et surtout la sécurité des Congolais passent après. Quelques éléments pour étayer mes allégations.
En effet, en 2019, après son élection, il avait dit qu’il s’établirait à Goma afin que cette ville devienne une citadelle imprenable. De 2019 à 2021, en seulement deux ans, après son accession au pouvoir, il avait effectué 115 voyages à l’étranger sans aucun résultat concret. En octobre 2020, il s’était même rendu en Israël pour prier sur le mur des lamentations. Antoine Tshisekedi est un équilibriste.
Après son élection en 2019, les Francs-maçons ont demandé à travailler avec lui [12]. M.Tshisekedi Tchillombo est inconséquent. En effet, avant l’invasion récente de Goma par les mercenaires du M23, il avait affirmé en décembre 2023, que s’il y avait une escarmouche, il déclarera la guerre à leur commanditaire immédiat le Rwanda [13].
Non seulement, il ne l’a pas fait mais lorsqu’il fut prévenu par l’Afrique du Sud de l’attaque imminente du M23, il leur fait savoir ces mercenaires seraient accueillis sous un déluge de feux.Telle ne fut malheureusement pas le cas.
Malgré tout cela, lorsque les attaques ont commencé, l’Afrique du Sud a proposé de prêter son matériel de guerre (avions, armes,etc.). Mais, à conditions que la RDC paie simplement le carburant. Le président Tshisekedi a répondu que son pays n’avait pas les moyens.[14]
Son dernier discours laconique sert plutôt à ne rien faire.
Nous arrêtons ainsi. La prochaine fois, nous et verrons ceux du Rwanda, singulièrement Paul Kagamé, l’actuel président du Rwanda, ses alliances et les rôles quil joue contre l’Afrique.
(À la prochaine pour la troisième partie)
L’HISTOIRE EST LE TRIBUNAL DES PEUPLES
Fait, le 4 février 2025
Tapé GROUBERA,
Président du Mouvement pour la Renaissance de l’Afrique (moraf).
Auteur des livres
1) CES AFRICAINS ENNEMIS DES AFRICAINS
2) ET DE GAULLE TRAHIT L’AFRIQUE
3) DE L’ORIGINE AFRICAINE DES MATHÉMATIQUES MODERNES (qui paraîtra en février 2025)
Mail: moraf.afrique@gmail.com
RÉFÉRENCES
[6] Louis de Laciger du clergé d’Albi, Ruanda, Éditions Imprumatur, 1959, p. 638
[7]Jean-Pierre Chrétien, L’Afrique des Grands Lacs. Deux millions d’histoire, Éditions Aubier, 2000, p.189.
[8]https://search.app/a61XUvmsgbnMwYdF6
[9]UNDP-CD-ANNUAIRE-STAT-2020-pdf.
[10]https://search.app/Fj7Y6CqXnsEoQDQFA
[11] https://search.app/p3bDxEwaFJ2XLSrMA
[12]https://search.app/poG7o8k31Y8EzPvc8
[13]https://youtu.be/0DGlmhFK_y4?si=4gHcXGjIbyiepFjw
[14]https://youtu.be/PP8h_xrN3Vc?si=DPjVzFBgicrrRHvJ